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Après avoir taillé en pièces tout ce qui se trouvait sur notre passage, nous repassâmes le pont avec notre brave maréchal Lefévre, et nous remontâmes la côte. Arrivés près de l’empereur :

— Votre rapidité dans cette charge, dit-il, me donne deux mille prisonniers ; je yous croyais tous pris.

— Vos chasseurs nous ont sauvés, lui répondit le maréchal.

J’étais si content de moi, que, mettant pied à terre, j’embrassai mon cheval. Je puis dire avec orgueil que j’ai fait ce jour-là une bonne journée. Je m’étais dilaté la rate. Grâce à la vigueur de mon cheval, j’avais pu sabrer à mon aise,

Le 21, il y eut un combat à Merry-sur-Seine ; le 28, à Sézanne ; le 5 mars, à Berry-au-Bac. Les Polonais eurent les honneurs de cette journée : c’est eux qui enfoncèrent et culbutèrent les cosaques. Le 7, bataille de Craonne. Elle fut terrible. Des hauteurs presque inaccessibles furent enlevées à la baïonnette par les chasseurs à pied de la vieille garde, et par les douze cents gendarmes à pied qui arrivaient d’Espagne ; ces derniers firent des prodiges de valeur. Le 13 mars, nous arrivâmes aux portes de Reims à la nuit. Une armée russe occupait la ville et s’y était retranchée au moyen de redoutes élevées sur la grande place avec du fumier et des tonnes pleines. Les portes de la ville étaient barricadées. Près de celle qui fait face à la route de Paris, et qui commande la ville, s’élève une terrasse très-élevée,