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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/43

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de notre cavalerie qui fut plus tard remplacée par nos beaux cuirassiers, par les gilets de fer.

À Saint-Cloud, nous trouvâmes les grenadiers du Directoire et des Cinq-Cents dans la cour d’honneur, et une demi-brigade d’infanterie près de la grille. On nous plaça, nous, derrière la garde, et tous, nous formions la haie pour laisser passage à Bonaparte que nous attendions.

Tout-à-coup, l’on entend crier vive Bonaparte ! les tambours battent aux champs. Il passe, salue tout le monde, s’entretient quelques instants avec les chefs et nous fait mettre en bataille vis à vis la salle des séances du corps législatif. Il était à pied. Il avait un petit chapeau et une petite épée. Il monte seul les degrés du palais, et aussitôt nous entendons des cris. Bonaparte sort, tire sa petite épée, et remonte avec un peloton de grenadiers de la garde du directoire. Les cris redoublent. Nous voyons de gros messieurs qui passaient par les croisées. Les manteaux, les beaux bonnets et les plumes tombaient par terre. Les grenadiers arrachaient les galons.

Nous restâmes jusqu’à trois heures, ne sachant pas au juste ce qui se passait, lorsqu’on donna l’ordre à mon bataillon de retourner à Paris. Il était temps, nous mourrions de faim.

En arrivant, les parisiens nous serraient de tout côté pour savoir des nouvelles de Saint-Cloud. La foule, entraînée par la curiosité, nous suivit jusqu’à nos quartiers.