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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/48

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de planches et de granges d’une dimension énorme. Nous y couchâmes tous pêle mêle.

On démonta notre petit parc et l’on mit nos trois pièces de canon dans des arbres creusés en forme d’auge. Au bout, il y avait une grande mortaise pour adapter un levier qui servait de gouvernail. En avant, un câble se trouvait fixé, et à ce câble, des traverses de bois. Chaque pièce devait être tirée par vingt grenadiers, et vingt autres portaient le bagage de ceux-ci. Un artilleur commandait le détachement, sur lequel il avait l’empire le plus absolu. La pièce lui était confiée : on devait obéir à ses moindres gestes,

Avant de partir on nous donna des souliers neufs et une provision de biscuits. Nous les attachions avec une corde et nous les pendions à notre cou, comme un chapelet, ce qui était très-gênant.

Le consul installé à Saint-Pierre veillait à tout.

Nous nous mimes en route le matin au petit jour. J’étais un de ceux qui trainaient les pièces de canon et je me trouvais le premier de l’attelage, à la première traverse du côté droit ; c’était le côté le plus périlleux, celui des précipices.

Rien de plus pénible que notre voyage. Toujours monter par des pentes horribles, et des sentiers très-étroits. Les pierres coupaient nos souliers. De temps en temps on s’arrétait, puis on marchait de nouveau : personne ne disait mot.

Quand nous arrivâmes aux glaces, ce fut bien pis