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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/49

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encore. Notre canonnier n’était plus maître de sa pièce. À chaque instant, elle glissait vers les ravins, et il fallait s’arrêter, pour la remettre dans la bonne voie. Sans l’exemple de notre chef, nous aurions perdu courage.

Nous fîmes une lieue de cette façon, après quoi nous nous arrêtâmes pour mettre de nouveaux souliers, à la place des nôtres qui étaient en lambeaux, et pour casser un morceau de biscuit. Comme je détachais la corde qui suspendait les miens à mon cou, voulant en prendre un et le manger, la corde m’échappe et toute ma provision dégringole dans le précipice. Quelle douleur pour moi de me voir sans pain ! et cependant mes compagnons se mirent à rire comme des fous. Allons, dit notre canonnier, il faut faire la quête pour mon cheval de devant. Chacun accueillit cette proposition, et me donna un biscuit. De cette manière je me trouvai plus riche qu’auparavant et la joie reparut dans mon cœur.

Nous atteignîmes les neiges éternelles. Là, nous étions mieux, notre canon glissait légèrement, nous allions plus vite. Le général Chambarlhac vint à passer et voulut encore faire allonger le pas. Il s’approcha du canonnier et prit le ton de maître. Il fut mal reçu. Ce n’est pas vous qui commandez ici, répondit le canonnier. C’est moi qui suis responsable de la pièce, et qui seul la dirige. Passez votre chemin.

Malgré ces paroles, le général s’avança comme pour