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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/50

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saisir le canonnier. Général, s’écria celui-ci, si vous ne vous retirez pas, je vous assomme d’un coup de levier ou je vous jette dans le précipice !… Chambarlhac crut prudent de passer son chemin.

Nous arrivâmes avec des fatigues inouïes au pied du couvent. La montée qui y aboutit est fort rapide, et là nous vîmes que des troupes nombreuses avaient passé avant nous. Le chemin était frayé et l’on avait formé des espèces de marches pour monter jusqu’à l’hospice. Nous y entrâmes, et nous y déposâmes nos trois pièces de canon.

Nous fûmes reçus par ces hommes dévoués à l’humanité, qui passent leur vie à secourir les malheureux égarés dans la montagne ou entraînés par les avalanches. Ils nous donnèrent du pain, du fromage de gruyère, du vin. Ils nous installèrent dans de grands corridors très-larges, enfin ils firent pour nous tout ce qui dépendait d’eux. — En les quittant nous leur serrions la main, et nous embrassions leurs chiens, qui à leur tour nous caressaient comme s’ils nous eussent connus de longue date. — Pour moi je ne peux trouver, dans ma faible intelligence, d’expression assez forte pour témoigner la vénération que je porte à ces hommes de Dieu.

La descente nous fut bien facile ; nos officiers décidèrent qu’ils traîneraient à leur tour les pièces de canon. Ils eurent encore plus de peine que nous n’en avions eu, et coururent les plus grands dangers.