Aller au contenu

Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
41

Nos trois compagnies s’acheminèrent commandées seulement par le capitaine Merle : et, après avoir encore traversé bien des neiges, gagnèrent le lieu de rendez-vous de tout le régiment. Nos braves officiers y arrivèrent aussi, mais exténués de fatigue, sans bottes et n’ayant plus de drap aux manches de leurs habits. Ils faisaient pitié à voir.

Nous étions alors dans une longue gorge. Au bout de cette gorge, une pente très-rapide s’élevait jusqu’à la crête d’une montagne. Là, plus de chemin ! c’était comme le bout du monde ! le rocher était fendu et les parois coupées à pic. Comment passer de l’autre côté ? Le premier consul arriva avec tous ses ingénieurs, fit faire des trous dans le roc, poser des madriers, établir des traverses et des gardes-fous. En deux jours, cette espèce de pont fut terminé, et tout notre matériel passa sans encombre.

Une fois passés, nous descendîmes aisément dans la vallée qui conduit au fort de Bard. Mais là encore nous fûmes arrêtés par un formidable obstacle. Ce fort est imprenable. On ne peut le battre en brèche de la vallée, et l’on ne peut gravir les rochers qui le dominent. Le consul en voyant cela, prit bien des prises de tabac, et fut bien embarrassé. Ses ingénieurs se mirent à l’œuvre pour trouver un chemin hors de la portée des canons du fort. Ils finirent par découvrir un sentier qu’ils aplanirent, et par lequel l’infanterie et la cavalerie pouvaient passer. Restait le matériel, ce