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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/69

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derrière. Notre brave colonel, M. Lepreux, se multipliait pour nous maintenir, et notre capitaine, M. Merle, qui avait perdu sa compagnie, et qui était blessé au bras, lui servait d’aide-de-camp.

La fumée était si épaisse qu’on ne s’y voyait plus. Les obus mirent le feu dans la grande pièce de blé au milieu de laquelle nous étions. Cela fit une révolution dans les rangs ; quelques gibernes sautèrent. On fut obligé de rétrograder et de se reformer le plus vite possible. Cet accident nous fit beaucoup de tort, et il fallut toute l’intrépidité de nos chefs pour nous rétablir.

Vis à-vis du centre de la division se trouvait une grange entourée de grands murs. Un régiment de dragons autrichiens en profita pour se cacher et fondit sur un bataillon de la 43e demi-brigade. Il l’entoura, le mit en désordre et le fit tout entier prisonnier. Cela fit un trou dans notre ligne, et, comme nous n’avions rien derrière nous, il fallut appuyer sur notre droite pour combler le déficit. Le général Kellermann en fut averti, accourut lui-même avec ses dragons, chargea les Autrichiens et les arrêta pour quelque temps.

Notre position n’en devint pas beaucoup meilleure. L’artillerie nous accablait. Nos rangs se dégarnissaient à vue d’œil. On n’apercevait que des blessés, et les soldats qui les portaient à l’ambulance ne revenaient plus. Aussi, pendant que les colonnes autrichiennes recevaient sans cesse de nouveaux renforts, nous nous affaiblissions sans cesse et personne ne venait nous