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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/70

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soutenir, Nous ne voyions derrière nous que la plaine encombrée de mourants et de porteurs.

À force de tirer, nous ne pouvions plus faire descendre les cartouches au fond de nos fusils. Les officiers, désespérés, nous indiquèrent un singulier remède à ce malheur nouveau. Il consistait à p…r dans le canon et à le sécher ensuite, en brûlant de la poudre non bourrée.

Les munitions commençaient à manquer, nous battimes en retraite, mais en bon ordre. Déjà nous avions perdu une ambulance, quand tout à coup 600 hommes de la garde consulaire arrivèrent avec des cartouches dans leurs sarreaux de toile et dans des couvertures attachées à leurs épaules. Ils passèrent derrière les rangs et nous firent la distribution. Alors le feu redoubla.

Dans ce moment, nous avions déjà beaucoup rétrogradé. Nous étions au beau milieu de la plaine. Plus de saules, plus de ravins : un buisson de place en place. Nous apercevions une grande partie de l’armée, et surtout nous voyions parfaitement la garde consulaire.

Bonaparte ne tarda pas à paraître. Sa présence était un gage de sécurité, un motif de confiance, une occasion d’enthousiasme inouï.

Il fit mettre sa garde en ligne au centre de l’armée et la fit marcher en avant. Tantôt elle se formait en carré, tantôt elle se déployait en bataille : et de suite elle arrêta l’ennemi. Les beaux grenadiers à cheval