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Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/71

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se précipitèrent au galop, et culbutèrent la cavalerie autrichienne. Leurs efforts nous donnèrent du répit pendant une heure.

Mais ne pouvant pas tenir contre la garde consulaire, les dragons autrichiens se rabattirent sur nous. Ils enfoncèrent nos premiers pelotons et nous sabrèrent. Je reçus un coup sur le derrière de la tête, si fort, que ma queue en fut coupée par la moitié, Heureusement j’avais la plus grosse du régiment ; il fallait une aune de ruban et une demi livre de poudre pour l’arranger : du reste à 72 ans, j’ai encore tous mes cheveux.

Grâce à ma chevelure, je fus sauvé. Le coup effleura seulement la chair, après avoir coupé l’habit et entamé l’une de mes épaulettes. Je tombai à la renverse dans un fossé.

Kellermann accourut. Trois fois il chargea à la tête de ses dragons. Il les menait et les ramenait : et toute cette cavalerie passait par-dessus moi qui étais étourdi dans mon fossé.

Quand je repris mes sens, je me débarrassai de mon sac, de ma giberne et de mon sabre, et je saisis au passage la queue du cheval d’un dragon français qui faisait retraite. Ce cheval m’emporta. Je faisais, pour le suivre, des enjambées énormes, et bientôt je tombai roide ne pouvant plus souffler.

Mais Dieu merci, j’étais au milieu des lignes françaises. Je retrouvai facilement un fusil, un sac et une giberne, la terre en était couverte ; et je repris mon