tion de la division Desaix, était dans an état de lassitude incroyable. La plupart des soldats n’avaient pas mangé depuis la veille. Nous avions passé la journée à mordre dans nos cartouches. C’était notre seule nourriture. Nous étions noirs de poudre, Nos jambes étaient si roides, qu’après un instant de repos nous ne pouvions plus nous relever. Vers les dix heures, mon capitaine Merle m’envoya chercher par son domestique pour me faire souper avec lui, Là, mes blessures furent pansées, ma chevelure remise en état, mes forces ranimées ; j’avais plus de bonheur que mes pauvres compagnons.
Le lendemain, des parlementaires sortirent de la ville d’Alexandrie, demandant à aller au quartier général du premier consul pour obtenir une suspension d’armes.
Quand ils se présentèrent, ne sachant ce dont il s’agissait, nos soldats tirèrent sur eux. Mais on s’expliqua bien vite, et on les conduisit, sous bonne escorte, au château dans lequel le consul était retiré. À la nouvelle de leur mission, la joie éclata dans tout le camp. Malgré la victoire de la veille, nous étions peu désireux et même parfaitement incapables de recommencer.
Je dis à mon capitaine : — Voudriez-vous me permettre d’aller au quartier-général, avec un de mes camarades ?
— Pourquoi faire ?