Aller au contenu

Page:Coignet - Aux Vieux de la vieille, 1853.djvu/84

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
74

jour arriva, ce fut une joie extrême dans toute l’armée. Nous partîmes des premiers pour nous porter sur la ligne des opérations.

En passant dans un gros bourg nommé, je crois, Viédane, nos fureteurs découvrirent, sous une montagne, une cuve énorme remplie de vin. On délibéra longtemps pour savoir comment nous pourrions profiter de cette trouvaille. La guerre n’était pas formellement déclarée. Il y avait danger à violer un domicile ou une propriété quelconque. On décida que l’on ferait un bon, qu’on le présenterait aux autorités du pays et qu’on tâcherait, par ce moyen, d’obtenir d’elles un nombre satisfaisant de rations. Mais qui le signera, s’écrièrent plusieurs voix ? La plume, répondit le fourrier. Et, en effet, écrivant de la main gauche, il signa Laplume. Le lieutenant, consulté, nous autorisa à tenter l’aventure. Le domestique du colonel offrit de compléter notre supercherie. — J’ai votre affaire, dit-il, Je vais prendre le cachet dont le colonel se sert pour cacheter les lettres officielles. Un peu de noir de fumée pour l’empreinte, et vous aurez un bon en toutes règles. — Ainsi dit, ainsi fait. On se présente chez le maire du village, ou chez l’alcade, je ne sais de quel titre on l’appelait. Il n’ose pas se faire tirer l’oreille, et donne immédiatement les ordres que nous désirions. La distribution se fit peu après : nos officiers en rirent de bon cœur. Et voilà comment Laplume nous procura cinq cents rations d’excellent vin.