Page:Coignet - Les Cahiers du capitaine Coignet, 1883.djvu/246

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partit pour faire son rapport et faire venir des voitures et du monde des autres compagnies. Ce trou renfermait vingt-cinq voitures à quatre chevaux ; il fallut faire un chemin pour arriver. Quelle fête pour nos grognards en voyant arriver les voitures. Ça fit renaître la gaîté sur toutes les figures. « Ce n’est pas tout, leur dis-je, il faut aller dénicher nos boîtes de miel que nous avons trouvées hier, et regarder en l’air pour découvrir des boîtes après les gros sapins. » La découverte fut riche ; plus de cent boîtes furent trouvées remplies de viandes salées, de linge et de miel. Et nous voilà à grimper et à remplir nos sacs. De retour, avec toutes nos provisions, on fit un bon feu pour cuire les grillades et se régaler aux dépens des Polonais qui voulaient nous faire mourir de faim. Car dans nos cantonnements d’hiver, nous avons été cinquante jours sans goûter de pain. Ils avaient quitté leurs demeures, s’il en restait quelques-uns, c’était pour surveiller leurs cachettes. Quand nous leur demandions des vivres, c’était toujours non ! C’est une race sans humanité, l’homme mourait à leurs portes. Vivent nos bons Allemands toujours résignés, qui jamais n’abandonnèrent leurs maisons ! À mon cantonnement, je fus fêté de tout le régiment. Le riz fut distribué aux grenadiers ; le blé fut moulu pour faire du pain. Ce fut la cause de grandes recherches, les sondes faisaient leur jeu, toutes les granges furent fouillées, les maisons,