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AVANT-PROPOS.

Ce livre permet aussi de bien connaître l’esprit du soldat français, qui ne ressemble pas aux autres, quoi qu’on en dise. Son grand défaut est toujours un certain manque de subordination. Pour ce qui se passait dans les hautes régions, un fragment de conversation entre Lannes et Napoléon donne assez à réfléchir210. Au passage du mont Saint-Bernard, nous voyons le général Chambarlhac menacé de mort par un canonnier qu’il veut diriger dans une manœuvre86, et si le même général s’éclipse ensuite au moment le plus chaud d’une bataille pour reparaître après la victoire, ses soldats le reçoivent à coups de fusil, ils le forcent à repartir de plus belle, et cette fois pour toujours115. Un fait terrible en ce genre se serait passé à Montebello ; les soldats d’une demi-brigade auraient profité de la chaleur de l’action pour tuer tous leurs officiers, moins un468. Le seul moyen de punir tant de coupables est de les faire périr à leur tour, mais du moins glorieusement, et c’est ce que Bonaparte aurait fait[1] dès le début de la journée de

  1. Ce procédé rappelle celui qui, dit-on, fit périr le colonel Oudet et les Philadelphes dans la campagne de 1808. Ce qui est certain c’est que j’ai entendu des invalides du premier Empire se vanter