Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 1er cahier, 2nde edition.djvu/25

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

treux, je n’aurois su de ma vie cette nouvelle manière de faire le pisé. J’étois cependant alors fort près du Bugey, à Grenoble, où j’avois imaginé toutes sortes de moyens pour bâtir contre les incendies à peu de frais : mes expériences m’en avoient fait trouver plusieurs, jusqu’à faire des voûtes avec la terre seule ; mais je n’avois pas pensé à abréger le travail de l’ancien pisé des Romains.

Quelle fut ma surprise, et quelle joie n’eus-je pas, lorsqu’en arrivant dans le Bugey, je reconnus que l’on pouvoit faire des maisons avec la terre, autrement que celles que j’avois vu faire à Lyon, dans ma jeunesse, par mon grand-père, maître maçon, et que j’ai pratiquées moi-même toute ma vie ? Ce sont donc ces maisons massives ou d’une seule pièce, que j’ai voulu représenter dans la 1re planche de ce livre : on n’y apperçoit dans la façade brute, sortant de la main de l’ouvrier, ni trous pour les clefs, ni joints pour les pans de murs ; tout y est entier, depuis le rez-de-chaussée jusques au toit.

Pratique.

Cette méthode consiste, 1o. à maçonner à l’ordinaire le soubassement de la maison, de 2 pieds et demi de hauteur au dessus du sol ; 2o. à planter parallèlement, de 3 en 3 pieds de distance, des perches de bois, soliveaux, ou chevrons, dans le terrein de chaque côté des murs en maçonnerie ; 3o. à écarter de ces murs les grands poteaux que je viens de désigner, de 2 pouces au moins ; 4o. et enfin, à combler les trous qu’on aura fait d’un ou de trois pieds de profondeur, suivant la tenacité du terrein ; mais ce comblement doit se faire en pressant avec le pisoir la terre autour des pieds des poteaux ou perches, et les rechaussant un peu au dessus du sol, toujours en pisant.

Pour bien saisir l’ensemble de ce travail, il faut jetter les yeux sur les planches IX et X. La première plan-