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faits ne laissent aucuns joints, ne consiste qu’à la suppression des glacis de mortier dans le pourtour du moule : les ouvriers du Bugey ont poussé l’économie jusqu’à ce point, mais on sent qu’avec très-peu de chaux et de sable on pourra garnir de mortier tous les pans d’une maison.

Les habitans du Bugey, non-seulement sont de grands économes, mais ils sont encore très-adroits : ils ne sont point embarassés de poser, d’aligner et d’étayer en très-peu de temps ces grands poteaux, qui paroissent, aux yeux du théoricien, fort difficiles à fixer : tant il est vrai que la pratique surmonte tous obstacles ! et je ne doute pas que, lorsque les ouvriers se seront habitués à cette manière de bâtir, ils l’exécutent avec une facilité et une dextérité surprenantes dans tous les départemens de la République.

Je dois avertir que dans le Bugey on ne fait pas les bâtimens si élevés que dans le Lyonnois ; car on sent la difficulté qu’il y auroit de faire tenir dans le terrein des bois droits, presque aussi longs que l’arbre de la liberté que l’on plante dans les villages, puisqu’il est possible d’élever, avec la terre seule, des maisons de plus de 36 pieds de hauteur : j’en ai bâti une à Lyon, qui m’appartient, qui en a plus, et qui est très-solide.

Le plus souvent on ne se trouvera pas des perches, chevrons ou soliveaux, ni assez longs, ni en assez grande quantité : quel parti prendre ? Le voici : on se servira des bois qu’on aura ; s’ils sont en très-petit nombre, comme d’une ou deux douzaines, on déposera les premiers poteaux lorsqu’on aura fait quelques pans de mur, pour les replanter au long de ce mur qu’on voudra continuer à piser : ainsi de suite, on les enlevera, et on les reposera de nouveau, pour faire le tour du bâtiment et les murs de son intérieur : donc ainsi il en coûtera plus de main-d’œuvre et moins de bois ; l’un compense l’autre. À l’égard de la longueur de ces poteaux, je ne vois d’autre