Page:Cointeraux - Ecole d architecture rurale, Pise, 2nd cahier, 1791.djvu/83

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manœuvre qui le ſert : le maçon ſur l’échafaud aſperge de l’eau avec un pinceau la partie du mur qu’il a piquée, balayée & bien préparée ; enſuite trempe dans le baquet où eſt le crépi un petit balai ou petite poignée fait de joncs, de buis ou d’autres brins ; après quoi il jette avec ſon balai ce mortier délayé contre le mur, lorſqu’il a recouvert avec autant d’égalité qu’il a pu toute la ſurface qui eſt à ſa portée ; il deſcend l’échafaud plus bas, & bouche les troux ſupérieurs des clefs du moule avec des pierres, plâtras ou autres débris ; il fait la même opération pour cette ſeconde échafaudée, redeſcend, lorſqu’elle eſt finie de ruſtiquer, encore plus bas ſon échafaud, ainſi de ſuite juſqu’au bas de la maiſon.

Cette aſperſion ou ce crépiſſage, fait avec tant de facilité & d’économie, eſt cependant, le croira-t-on ? le meilleur enduit que l’on peut faire ſur le piſé & ſur toutes autres conſtructions : c’eſt avec cet enduit qu’on conſerve long-tems les bâtimens ; il n’eſt pas beau, mais il eſt à portée des gens peu aiſés ; il ſemble que tout ce qui concourt à compléter l’art du piſé eſt par la divine providence dans les choſes les plus naturelles, les pratiques les plus communes & les plus ſimples.

L’enduit s’emploie différemment : il faut deux maçons & deux manœuvres ; les deux maçons ſont ſur l’échafaud ; un des manœuvres broie le mortier maigre, & l’autre le porte avec l’eau néceſſaire, en un mot ſert les maçons de toutes les petites choſes dont ils ont beſoin à chaque inſtant. Un des maçons tient de la main droite ſa truelle & de l’autre un pinceau, avec lequel il commence d’arroſer d’eau le mur piqué & balayé ; enſuite il applique quelques truellées de mortier qu’il étend avec la même truelle autant qu’il peut ; cela fait, il rejette d’autres