opposé à celui de son frère : c’était une nature soldatesque et sans frein, d’une valeur brutale et emportée ; deux siècles plus tôt, il eût été dans l’action un excellent chef de partisans. Sans portée dans l’esprit, il était gouverné par l’abbé qui exploitait ses instincts grossiers et les faisait servir à ses fins dans les circonstances où il lui fallait un séïde pour accomplir quelque coup de main coupable, mais courageux. L’abbé était le bras, le chevalier était l’arme ; ainsi le renard menait le loup. Le chevalier avait aussi le goût des plaisirs ; mais pour lui les plaisirs n’étaient pas une corruption raffinée, mais un emportement féroce ; il était toujours prêt à dire aux femmes qui lui plaisaient, en brandissant son épée : L’amour ou la mort. Son visage portait bien l’expression de ses instincts ; quoique ses traits ne manquassent pas de régularité, ils étaient toujours contractés par
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