Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/79

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LE PETIT VAGABOND.

Il faisait un froid rigoureux ; toute la campagne était blanche de givre, et au loin les toits des maisons et les clochers du village paraissaient couverts de neige ; les arbres comme des squelettes étendaient leurs branches décharnées ; en place de feuillage il y pendait des glaçons. Un pauvre enfant de treize ans, assez mal vêtu, sans bas et chaussé de gros souliers déjà vieux, suivait péniblement le chemin à peine tracé de Melun à Orléans ; ce n’était pas une belle et grande route royale comme aujourd’hui, encore moins un railway conduisant rapidement en quelques heures de Melun à Paris ; il y a près de trois cents ans de cela, et à cette époque les chemins qui sillonnaient la France étaient de véritables précipices creusés d’ornières boueuses, parsemés de pierres et parfois de troncs d’arbres, et dont les tronçons rompus cessaient tout à coup de marquer leurs traces à travers un champ ou à travers un bois.

Il fallait alors plusieurs jours pour se rendre de Melun à Paris, et le pauvre enfant, très-ignorant de la distance, s’était imaginé pouvoir y arriver le soir même. On lui avait dit que la Seine coulait de Melun à Paris, et il