Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 127 —

saient les mouches obstinées. Tout ce pauvre monde revenait de la foire d’Orthez où il s’était pourvu de quelques étoffes, ou de quelques ustensiles de ménage.

Orthez a un aspect très-pittoresque ; avant d’arriver, on voit une belle tour en ruine qui s’élève sur un tertre verdoyant. Nous traversâmes au galop des rues montueuses, puis une place encombrée de troupeaux de moutons et de porcs. C’est là qu’était la foire du bétail. Les cuisines de toutes les auberges flamboyaient ; on sentait une friande odeur de rôti qui faisait désirer une halte aux voyageurs affamés. Mais le conducteur fut inexorable ; la malle-poste était en retard, il fallait marcher sans prendre haleine.

Le crépuscule se répandit sur la campagne et la fit paraître plus vaste et plus tranquille ; nos six petits chevaux basques redoublèrent de feu et d’agilité à la fraîcheur de la nuit ; le tintement des grelots précipitait leur frénésie. On eût dit qu’ils disputaient l’espace à la rapidité d’une locomotive. Le paysage devenait magnifique ; c’étaient des côteaux boisés, de longues avenues, des parcs, des villas, des châteaux, parmi lesquels on nous désigna celui du baron Bernadotte, parent du roi de Suède. Nous franchîmes ensuite un carrefour célèbre planté de quelques