Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/142

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 128 —

vieux arbres qui entourent une croix. Ce lieu s’appelle la Croix-du-prince en souvenir de Louis XIII, qui, étant venu visiter la ville où était né son père, s’agenouilla là, au pied d’une croix de pierre.

Nous arrivâmes enfin au village de Jurançon servant de faubourg à Pau, et dont le vin est renommé. Les vignes s’étagent sur des coteaux jusque sur les bords du Gave, qui va se jeter dans l’Adour. L’Adour qui lui-même se jette dans la mer entre Bayonne et Biarritz, déroulait devant nous ses eaux limpides ; au-dessus, se groupait sur deux collines la jolie ville de Pau, riante capitale de l’ancien Béarn. Le château d’Henri IV la domine, et à cette heure de crépuscule, on croirait voir debout sur les remparts l’ombre du grand roi. Nous passons le Gave sur un beau pont monumental.

Les chevaux redoublent d’ardeur, le postillon de claquements de fouet ; enfin, la malle-poste s’arrête sur la place Grammont où les maisons en arcades rappellent en diminutif celles de la rue de Rivoli. La nuit est venue ; il faut remettre au lendemain la visite du château. Le sommeil n’est pas long dans ces auberges du Midi, où le cri des animaux, le bruit des portes qu’on ouvre et qu’on ferme et l’accent aigu des domestiques éclatent sans ménagement.

Heureusement que la journée du lendemain s’an-