Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 129 —

nonça radieuse et me pennit de fuir ce vacarme tracassier et d’aller prendre un bain d’air matinal dans la sérénité de la campagne.

Je laissai à ma gauche le petit château d’Henri IV, palais des anciens comtes de Béarn, si merveilleusement conservé. Il est juché sur une plate-forme entourée de terrasses et de quinconces qu’abritent de vieux platanes. Je traverse un pont jeté sur les fossés du château, et me voilà dans le parc, qui étend le long du Gave ses allées montueuses d’ormes et de hêtres gigantesques. Les troncs de ces beaux arbres ont une immense circonférence qui me rappelle ceux du bois de la Sainte-Beaume. C’est la végétation puissante du Midi. Dans le Nord, les arbres étiolés poussent toujours en hauteur comme pour chercher le soleil.

Quand je suis parvenue à l’allée supérieure du parc, un des plus beaux panoramas du monde se déroule devant moi ; l’immense chaîne des Pyrénées (que domine comme un géant le pic du Midi), borne l’horizon et se gradue jusqu’au Gave en collines et en vallées fertiles. Au loin, à ma gauche, voici les montagnes de Bagnères-de-Bigorre et de Lourdes ; plus près, le pic du Midi de Bigorre ; puis, dans un pli de ces monts accidentés, la ville d’Argelès.

Viennent ensuite successivement les montagnes de