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gracieuses ; ses eaux courantes semblaient jaser avec les cailloux et les fleurs du rivage. La nature doit avoir des voix qui se comprennent et se répondent. Un vieux pêcheur matinal, assis sur la rive, jetait ses hameçons dans l’eau et en retirait de petites truites qui sont exquises. Les poissons sortis violemment hors de leur élément se débattaient un instant ébahis, puis allaient s’entasser dans le panier d’osier posé à côté du placide vieillard.

Sur le pont qui relie Pau à Jurançon, un petit berger poussait son troupeau qu’il menait paître vers les montagnes. Les paysannes, pieds nus, venaient à la ville, des hameaux voisins, portant sur leur tête d’immenses paniers ronds en osier remplis de fruits et de légumes. Je renonçai à regret aux attrayants détails de cette scène champêtre, et redescendant les allées du parc, je remontai sur la terrasse du château, d’où la même vue que je viens de décrire s’étend sous les yeux charmés. Je fis le tour de ce donjon en miniature qui s’élève sur une plate-forme et qui est flanqué de quatre tourelles à toit pointu. Ainsi qu’une inscription l’atteste, ce château fut construit au quatorzième siècle par Gaston-Phébus, comte de Béarn, et il servit jusqu’au règne d’Henri IV, d’habitation à la cour béarnaise. C’est dans ces murs que Marguerite de Valois, sœur de François Ier et reine