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Jurançon, et au sud de Pau, par delà les coteaux verts où les torrents bondissent, je distingue un pic au sommet neigeux. C’est le pic du Ger, il domine la gorge des Eaux-Bonnes et semble, comme la colonne des Hébreux, nous indiquer la route.

On franchit sans ennui et sans fatigue les onze lieues qui séparent Pau des Eaux-Bonnes. Comme ce clair ruisseau nommé le Néez qui borde la route et bondit en écume sur les rochers, on voudrait glisser et s’insinuer dans tous les replis de ces monts ombreux.

À peine s’est-on engagé dans le défilé des montagnes, qu’on est très-surpris de trouver à gauche, sur la rive du Néez, une inscription désignant une mosaïque romaine. Qui s’attendrait à rencontrer dans cette solitude un de ces merveilleux parquets où les couleurs des marbres et les contours du dessin se mariaient avec tant d’harmonie ! En quels lieux les Romains n’ont-ils pas pénétré ? Où n’ont-ils pas laissé des traces de leur puissance ou de leur splendeur ?

À mesure qu’on avance les montagnes deviennent plus élevées, et encaissent des vallées plus étendues et plus profondes. On traverse, en la prenant pour un village, la petite ville de Gan, qui fut pourtant une ville forte de l’ancien Béarn. Ses remparts et son prestige sont tombés. C’est près de Gan qu’est la