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monts et de pics dont les zones successives ont un aspect vraiment saisissant : viennent d’abord sur les pentes douces les prairies et les cultures ; puis les bois s’élèvent, puis le roc nu, puis les sommets couverts de neige. Au fond du tableau et par-dessus toute la chaîne, comme un géant blanchi par le temps, se dresse le pic du Midi d’Ossau.

Je fais une halte pour contempler longtemps cette majestueuse vallée. Je remonte en voiture et je traverse le village d’Arudy ; sur le flanc d’une colline s’élève une belle tour gothique, reste de quelque château détruit ; plus loin, on rencontre un énorme bloc de granit grossièrement façonné et qui fut un monument druidique : tous les peuples semblent avoir laissé là leurs vestiges ; impuissants débris de ces peuples mêmes qui ne sont plus que poussière !

La voiture redescend rapidement le coteau où se groupe Sévignac, et j’aperçois le Gave du pic du Midi qui arrose et féconde la vallée d’Ossau.

Au village de Louvie, nouvelle halte ; pendant que les chevaux mangent l’avoine, je passe le pont jeté sur le Gave et je vais visiter l’église gothique qui s’harmonie si bien avec cette nature grandiose.

Je reprends la route des Eaux-Bonnes en côtoyant le Gave à gauche, et bientôt dans une solitude profonde j’aperçois, sur la rive opposée du torrent, deux ma-