Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 152 —

sont adossés aux parois des rocs, et l’on peut entendre de la fenêtre de sa chambre le bouillonnement des torrents voisins.

Je montai l’étroite rue de la Cascade, et bientôt je découvris la chute du Valentin se précipitant du haut d’un roc en trois nappes d’écume où le soleil étale toutes les couleurs du prisme. L’eau tombe bruyamment dans une cavité profonde qui décrit une sorte de bassin circulaire ; un pêcheur retirait de cet abîme des filets ruisselants où frétillait une myriade des mêmes petites truites qu’on nous servait chaque jour à déjeuner.

Après cette chute, le Valentin décrit sous l’ombre et dans les sinuosités des rochers couverts de buis et de fougères une foule de petites cascades ; son cours se continue ainsi jusqu’à sa jonction avec le torrent des Eaux-Chaudes dont j’ai déjà parlé et que je décrirai bientôt. Mais au lieu de descendre le Valentin ce jour-là, j’eus la fantaisie de le remonter, et je dirigeai ma promenade au-dessus de l’établissement thermal ; je tournai à gauche et je me trouvai dans un sentier ombreux tracé au flanc de la montagne, et dont la solitude semblait gardée par un vieil aveugle qui abritait la cécité de son chef branlant sous un béret basque. Il était là assis sous un hêtre tortueux, roulant les grains d’un énorme