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sent au roc et offrent des haltes de repos ; mais aussitôt qu’on a dépassé le pavillon l’aspect de la promenade est plus nu et plus sauvage ; les femmes élégantes qui viennent seulement pour se montrer, comme elles se montrent au bois de Boulogne à Paris, ne vont pas plus loin ; mais les artistes et les poète avancent jusqu’au bout de cette route pittoresque creusée dans la montagne : je l’ai parcourue à toutes les heures. Le soir, la cime des montagnes de la vallée d’Ossau, qu’on a vis-à-vis soi en avançant toujours, se drapait de teintes pourpres graduées de rose et que les lueurs voisines du soleil couchant faisaient flamboyer comme un incendie.

Le matin, souvent ces sommets nageaient dans des vapeurs nacrées dont ils se dégageaient tout à coup comme balayés par la lumière qui montait à l’Orient ; à midi, les couches successives des montagnes jusqu’au faite des pics les plus élevés, se dessinaient nettement sur l’étendue uniforme et sans tache du ciel bleu ; chaque accident de ces masses grandioses, vallées, villages, bois, torrents, pentes de gazons, roches de marbre se groupait en relief, sur ce fond inaltéré.

Attirée par ce magnifique tableau toujours le même, mais que les effets de lumière variaient à