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l’infini, j’allais souvent jusqu’aux dernières limites de la Promenade horizontale : les arbres ne l’ombrageaient plus ; les buis seuls montaient à ma droite depuis le fond du ravin jusqu’au bord de la route et descendaient à gauche de la montagne moins boisée et effondrée çà et là ; tout à coup le chemin tracé finissait devant une prairie close par une claire-voie et une grange autour de laquelle quelques poules picoraient.

Ces petites granges à toitures grises n’ayant qu’une porte basse et une étroite fenêtre, ne servent pas en général d’habitation aux montagnards, ils y abritent seulement leurs récoltes de maïs et de foin, et en temps d’orage s’y réfugient momentanément avec leurs bestiaux. Pourtant les poules et un ânon paissant tout près, me faisaient penser que cette grange était habitée quoique je n’en aie jamais vu sortir personne. — Je poussais la porte de la claire-voie et je m’asseyais ordinairement sur un fragment de roc tombé dans la prairie et qui y formait un banc naturel ; j’avais au-dessus de ma tête le bois de sapins qui s’échelonnait sur le mont Gourzy ; l’air s’imprégnait d’une forte odeur de résine qui me semblait un baume pour ma poitrine malade ; dans les entre-déchirements des rocs à ma gauche, je voyais tout près la route monumentale des Eaux-Chaudes ;