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de force me revint, je respirai plus librement, je pus gravir quelques hauteurs sans tomber ensuite anéantie. Un jour, après avoir bu mon verre d’eau thermale, je me sentis toute ranimée ; je franchis la terrasse plantée de tilleuls de l’établissement, et je commençai à monter d’un pas ferme la pente du Plateau de l’Espérance ; je suivais un sentier bordé d’une haie de buis et de noisetiers sauvages et ombragé de platanes et d’acacias ; je m’assis sur une plate-forme de gazon ; j’avais au-dessus de moi la Butte du Trésor, qui enserre dans ses flancs la source chaude, et qui se couronne d’un kiosque ; après quelques instants de repos, je commençai l’ascension du roc abrupte, facilitée par un sentier ombreux qui tourne en spirale jusqu’au point culminant du mamelon. J’arrivai à l’entrée du kiosque un peu essoufflée, mais sentant que le sang affluait à mes joues au lieu d’étouffer ma poitrine et mon cœur. Je m’assis sur un banc du kiosque et, la tête appuyée entre les interstices de ses légères colonnes de bois, je bénis en l’admirant la nature qui me guérissait.

En abaissant les yeux, je voyais se dérouler à mes pieds les blanches et riantes habitations des Eaux-Bonnes ; à ma droite, la Montagne-Verte étendait ses immenses pelouses ; au loin, en face de moi, et