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par le ciel limpide et étoile, formait un tableau saisissant et sacré qui faisait planer l’âme.

Pendant que l’efficacité des eaux et la douceur de la température m’arrachaient à la mort, la surveillance éclairée du docteur, les longues causeries intellectuelles avec la princesse Vogoridès et quelques hommes distingués ; les attentions d’ange d’une blonde jeune fille de Jassy, amie de pension de ma fille ; les soins assidus de la sœur de l’illustre Rachel, qui me grondait avec une bonté émue lorsque je voulais travailler et me disait, en m’arrachant la plume des mains : « Voulez-vous donc que l’art vous tue comme il l’a tuée ! » tous ces empressements réunis composaient pour mon âme une atmosphère aussi bienfaisante que l’était pour mon corps l’air des montagnes que je respirais.

Bientôt je me sentis assez de force pour entreprendre des promenades plus longues. Seulement, par ordre du docteur, je devais m’aider de l’animal pacifique qui réchauffa la crèche de son souffle et servit à la fuite en Égypte. Un matin, après un orage qui avait laissé aux branches des arbres de belles gouttes claires comme des diamants, je partis avec l’aimable jeune fille valaque et sa mère ; nos trois montures, précédées d’un guide, franchirent le Jardin des Anglais et se dirigèrent vers la Promenade hori-