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zontale ; mais au lieu de la suivre en avançant vers le nord, nous tournâmes bientôt sur un sentier plus étroit creusé dans les flancs du mont Gourzy du côté du midi. Ici l’art à moins fait que pour la Promenade horizontale ; le sentier à peine frayé est envahi par les broussailles et par le feuillage recourbé des hêtres qui répandaient sur nos têtes des perles de pluie ; quelques-unes roulaient comme de belles larmes sur les blonds cheveux de la jeune fille et s’arrêtaient sur ses joues roses et nacrées. Son large chapeau rond, flottant sur ses épaules, laissait à découvert sa tête animée par le grand air et l’allure un peu rude d’un âne rétif.

Nous aurions voulu avancer plus vite, mais le guide nous répétait qu’il fallait ne point forcer le pas de nos bêtes sous peine d’accident dans ces sentiers perpendiculaires au-dessus des précipices ; le plus sage, dans ces sortes d’excursions, est de s’abandonner à ces guides montagnards qui connaissent si bien chaque anfractuosité de roc. La veille encore, il était arrivé une étrange catastrophe. Du haut de l’étroit chemin que nous parcourions, un écolier en vacances, de dix-sept ans, qui en était à son coup d’essai en fait d’équitation, avait voulu monter sans guide un de ces bons petits chevaux basques, dociles et obéissant à la main qu’ils con-