sion parcourt les principales rues du village, fait le tour de la place, puis rentre à l’église. Aussitôt cette même place où jaillit une fontaine et où s’élève l’Hôtel-de-ville avec sa petite façade en arcades, se remplit de mouvement et de bruit ; toutes les fenêtres des maisons et des auberges regorgent de spectateurs ; on dresse un mât de cocagne où sont suspendus un gigot, un lapin, deux poulets et une montre d’argent ; on roule de chaque côté de la place deux gros tonneaux sur lesquels on place des chaises ; les ménétriers arrivent et se juchent au haut de cet orchestre champêtre.
Un ménétrier joue du tambourin, instrument à cordes tendues sur un carré de bois long et qui rappelle la lyre antique ; un autre souffle dans un flageolet, espèce de flûte dont il tire des sons aigus et clairs ; un troisième racle avec un archet court sur un petit violon. Les airs qu’ils jouent, et que quelques voix accompagnent sont lents et monotones ; ils ont une solennité triste. Ce sont les mêmes, assure-t-on, que chantaient les montagnards de l’ancienne Gaule et qui les conduisaient aux combats. Le tambourin et le flageolet n’ont pas changé et ont traversé les siècles sans altération, mais le violon est un instrument moderne. C’est aux sons de cette musique grave et mélancolique que se forment les danses