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béarnaises ; elles participent des airs qui les dirigent ; ce sont des rondes tranquilles où les jeunes garçons et les jeunes filles tournent, les mains enlacées, avec des balancements calmes et mesurés ; jamais un pas précipité, jamais un bond joyeux, jamais un entrechat ni une pirouette ; à peine si les pieds des hommes se lèvent de terre et si ceux des femmes font flotter leurs jupons au ras de leur cheville ; c’est une sorte de danse sacerdotale et mystique.

Les femmes, sous leur capulet, sont sérieuses comme les femmes de l’Égypte sous leurs bandelettes ; il me semble que les danses de l’antique Thèbes devaient ressembler à ces danses basques.

On fait cercle autour de ces rondes si étranges ; on ne se croit plus en France, on s’imagine être tout à coup transporté au milieu de quelque peuplade ignorée. Le contraste des spectateurs et des indigènes ajoute encore à la singularité du tableau ; je reconnais là des actrices de plusieurs théâtres de Paris, des chanteurs de l’Opéra, des hommes politiques, des généraux, des princes et des princesses ; promeneurs ou malades sont venus en foule des Eaux-Bonnes et des Eaux-Chaudes pour voir cette fête des montagnes. Les toilettes parisiennes sont mêlées aux costumes béarnais ; le Panama heurte le béret rouge, l’Ombrelle marquise