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mière zone du paysage au-dessus de laquelle s’élevaient les hêtres et les cèdres noirs recouvrant les plateaux des montagnes dont les sommets dénudés se détachaient dans l’air et se couronnaient de beaux nuages.

Montée sur un âne, qu’un petit guide de douze ans conduisait par le licol, je partis un jour après un orage pour visiter les cascades du Discoo et du Gros-Hêtre, dont la pluie, disait-on, avait, doublé l’ampleur et le mugissement. Je franchis d’abord le sentier tortueux conduisant de la terrasse de l’établissement thermal, à une des chutes du Valentin ; là même où j’avais rencontré le montagnard qui déposa sa hotte pleine de neige pour s’agenouiller au tintement d’un glas. Je m’arrêtai pour voir tomber avec furie le torrent blanc d’écume dont j’ai déjà décrit la course ; j’en suivis le bord à gauche dans un sentier difficile et ombragé ; les branches d’arbres, écartées par mon petit guide, m’aspergeaient, en retombant, de gouttes de pluie. Je traversai le pont jeté sur le Valentin et je longeai la pente inférieure de la montagne verte toute revêtue de larges pelouses et de petits champs cultivés. Je montai alors à la droite du Valentin ; bientôt je perdis de vue ce torrent, et m’avançant toujours vers le midi, je traversai les premières lignes d’un bois