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de cèdres qui se dressaient au-dessus de ma tête dans une tranquillité solennelle.

J’aurais voulu faire une halte sous ce bois, architectural digne de servir de théâtre à quelque belle scène d’amour ; mais mon guide m’avertit que nous avions pour plus de deux heures de marche avant d’arriver au torrent du Gros-Hêtre. Déjà j’entendais le murmure voisin de la petite cascade du Discoo qui semblait me convier à suivre ses bords ; je côtoyai bientôt une eau claire et peu profonde glissant sur un lit de rochers ; je franchis un petit pont de pierre et je vis le torrent s’étendre en écume argentée sur une sorte d’escalier formé par le roc ; un ruisseau qui vient en cet endroit se joindre au Discoo, grossit son cours sans le rendre plus bruyant. Je fis encore quelques détours dans le chemin sinueux et je me trouvai en face de la chute du Discoo ; la cascade descendait d’un bois épais et tombait dans un immense trou, au-dessous du pont, d’où elle rejaillissait en trois nappes bien distinctes.

Le paysage qui m’environnait n’avait pas d’horizon, c’était calme et triste ; la pluie commençait à tomber fine et légère comme la poussière du torrent ; elle répandait un ton morne sur cette solitude où, seule avec l’enfant qui me guidait, je semblais perdue dans les profondeurs des Pyrénées. Les nuages