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sombres qui couraient sur la cime des monts m’annonçaient que l’orage allait éclater ; j’aurais voulu mettre mon âne au trot ; mais c’était impossible dans le sentier pierreux où nous cheminions. Mon petit guide marchait d’un pas ferme et rapide traînant toujours ma monture par le licol ; aussitôt que la route le permettait et traversait quelque pelouse et quelque terre plane, il courait à toutes jambes et l’âne était forcé de le suivre.

Nous avions laissé la montagne verte à notre gauche, derrière nous ; des collines à pentes plus douces, revêtues de buis, de prairies et de champs de maïs, lui succédaient ; çà et là les petites granges dont j’ai parlé et qui servent aux montagnards à abriter leur récolte dressaient leurs quatre murs gris et leurs toits rougeâtres. À gauche c’étaient des rochers plus abruptes, tapissés d’une végétation touffue à travers laquelle filtraient par intervalles de petites cascades qu’enflait en ce moment la pluie qui tombait. Je sentais mon manteau mouillé et l’humidité me faisait frissonner. Je demandai à mon guide si nous serions bientôt arrivés à la cascade du Gros-Hêtre, but de ma promenade.

— Encore dix minutes et nous y sommes, répliqua-t-il.

— Mais si la pluie augmente, comment ferons-nous ?