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En ce moment un jeune montagnard à la taille souple et haute et à la figure rusée apparut derrière une haie.

— Si madame, me dit-il, après avoir vu la cascade, veut venir boire du lait chez moi, je vais lui en faire chauffer.

Et il montrait du geste une petite maison qui s’élevait à gauche sur un monticule.

— Non, pas de lait, répondis-je ; mais j’accepte un bon feu si vous voulez aller l’allumer.

Il répondit qu’il y courait, et, tandis qu’il s’élançait dans le sentier, nous nous dirigeâmes à gauche à travers champs pour gagner le bord du torrent dont nous entendions le mugissement voisin. Je dus bientôt mettre pied à terre, car mon âne enfonçait dans le sol amolli, puis il nous fallait traverser en piétons le courant d’eau qui bouillonnait sur un lit de rocs. Quand nous atteignîmes le bord, mes pieds étaient mouillés jusqu’à la cheville. L’enfant jeta sur la partie la plus étroite et la moins profonde du torrent une large planche de sapin qui reste là pour faire passer les voyageurs ; se mettant ensuite dans l’eau jusqu’au genou, il me dit de m’appuyer sur son épaule et d’avancer sans crainte.

Je marchai en chancelant un peu, car mes pieds