Page:Colet - Les Derniers Marquis - Deux mois aux Pyrénées - 1866.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 186 —

— J’ai deviné qu’il vous tromperait quand vous avez refusé son lait, me dit l’enfant.

— Eh ! pourquoi donc ?

— Parce que le lait ça se vend et le feu ça ne se vend pas.

Et tout en parlant il avait déjà réuni des branches sèches dans l’angle d’une petite enceinte de pierres qui précédait la porte de la grange. Il fit jaillir des étincelles de deux cailloux, alluma quelques feuilles mortes, souffla dessus avec ses lèvres, et bientôt la flamme s’éleva du bois pétillant. Il détacha le bât de l’âne et m’en fit un siège, où je m’assis en face de cet âtre improvisé ; cette chaleur bienfaisante me ranima ; je quittai mes chaussures mouillées, l’enfant enveloppa mes pieds dans sa ceinture de laine rouge et les posa sur un caillou chaud.

La pluie avait cessé de tomber ; mon manteau, mes bas et mes brodequins étalés auprès du large foyer flambant, séchèrent en quelques minutes ; le soleil d’août perça les nuages et mêla sa flamme à celle du feu qui me réchauffait ; je me hâtai bien vite de repartir, afin d’échapper à une nouvelle averse.

Mon petit guide, qui s’était montré si ingénieusement secourable et si attentif, m’intéressait, et, tout en repassant par les mêmes paysages que j’avais parcourus en allant, mais qui, au retour, me captivaient