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qui nous dérobait le chemin, nous vîmes tout à coup devant nous une des plus belles étrangères des Eaux-Bonnes s’appuyant au bras d’un jeune homme. Rien dans leur attitude ne pouvait redouter la surprise, et cependant, en m’apercevant, la jeune fille devint pourpre comme un coquelicot ; elle me salua et m’adressa quelques paroles en balbutiant. Elle avait bien tort de me redouter ; je ne trouve rien de plus simple et de plus charmant que ces sympathies qui ont pour cadre les beautés de la nature.

J’arrivai un peu lasse, mais ranimée et ayant la certitude que mes forces revenaient.

Par une belle matinée d’août, je partis en riante compagnie pour aller visiter les Eaux-Chaudes ; nous dépassâmes Laruns, que nous laissâmes à gauche, et, un peu plus loin, aux confins de la vallée d’Ossau, entre deux hauts rochers, nous vîmes s’ouvrir au midi un corridor étroit et sombre, d’où s’échappait à flots précipités et bruyants le Gave qui descend de Gabas et du Pic-du Midi. Nous suivions une route large taillée dans le roc et dominant le torrent encaissé dans des bords sauvages.

Bientôt s’offrit à nos yeux la longue et étroite vallée des Eaux-Chaudes. Ici plus rien des grâces que la nature étale sur les plans inclinés des collines des Eaux-Bonnes ; plus de pelouses fleuries, plus de