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champs d’un vert tendre, plus de petites cascades riant et gazouillant au soleil. L’eau qui se précipite des montagnes s’engloutit dans des gouffres sombres, et à droite et à gauche se dressent des monts perpendiculaires de deux ou trois cents pieds de hauteur, d’un ton gris zébré de noir, ayant à peine quelques sapins rabougris suspendus à leurs parois ; ces monts sont d’un aspect grandiose et sauvage, ils formeraient une belle décoration à quelque scène d’horreur.

À mesure que l’on s’enfonce dans cette gorge étroite on n’aperçoit plus qu’un pan du ciel servant de voûte à ce corridor formidable ; rien de sinistre comme ce défilé quand un brouillard gris s’y engouffre et se confond avec la masse des montagnes. Lorsqu’on sort de ce passage surnommé le Hourat (ou la gorge du précipice), on voit à gauche, du côté opposé au Gave mugissant, la montagne s’incliner tout à coup ; là se dessine une route qui descend obliquement comme une rampe. Avant que la nouvelle route ne fût percée, c’est par cette pente rapide que l’on pénétrait dans la sombre vallée. Primitivement il n’y avait qu’un sentier glissant tracé au bord d’effrayants précipices. Les anciens princes du Béarn, Marguerite de Valois, la Marguerite des Marguerites (sœur de François Ier), son mari Charles d’Albret, roi de Navarre, leur fille Jeanne d’Albret, reine de Navarre,