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femme d’Antoine de Bourbon et mère de Henri IV, Henri IV lui même, s’aventuraient à dos de mulet sur ces rocs ardus pour aller se baigner aux Eaux-Chaudes ; ils se logeaient dans des habitations rustiques et souvent improvisées, et se plaisaient durant l’été au milieu de ces sévères beautés de la nature. C’est peut-être à son long séjour dans les Pyrénées que la Marguerite des Marguerites a dû d’être poète.

Au sommet de la route abrupte dont je viens de parler, on aperçoit les ruines d’un oratoire ; les voyageurs s’y arrêtaient autrefois pour remercier la Vierge de bon Secours. Le vieux chemin traversait ensuite le Gave sur un pont étroit appelé le Pont des Chèvres ; c’est le point de jonction où la nouvelle route se fond avec l’ancienne et continue à côtoyer la rive droite du torrent. Nous avions passé le lugubre et majestueux défilé, la vallée s’élargissait un peu, et, quoique toujours bornée par des monts gigantesques dont les cimes touchaient les nuages, elle perdait de son aspect désolé. Quelques cultures apparaissaient ; insensiblement les montagnes s’abaissèrent du côté du levant, encadrant un bassin de verdure. Un groupe de maisons se dressa devant nous ; nous étions arrivés au petit village des Eaux-Chaudes. Vingt ou trente maisons se penchent sur la rive droite du Gave. Parmi elles sont quelques beaux hôtels