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et l’établissement thermal d’un aspect beaucoup plus monumental que celui des Eaux-Bonnes. Nous nous arrêtâmes à l’Hôtel de France ; nous mimes pied à terre et nous allâmes explorer les promenades creusées, à force de travail et d’art, au sein de ces roches énormes.

Au delà du village est la Promenade d’Henri IV, où de beaux arbres abritent des bancs. Plus loin, sur le plateau d’une colline verdoyante qui forme la base de la montagne, circule la Promenade de Minville ; une fontaine qui jaillit du roc murmure sur des pelouses ombragées. Nous marchons dans un labyrinthe ombreux ; c’est comme une oasis riante cachée au milieu d’un chaos de masses granitiques. Nous franchissons un plan plus élevé de la montagne de l’autre côté du Gave, et nous suivons des sentiers s’enroulant comme de longs serpents, qui s’appellent la Promenade d’Argout.

De là nous dominons tout le bassin des Eaux-Chaudes, empreint d’une mélancolie grandiose. Un courant d’air froid siffle sur nos têtes ; il descend du pic du Midi et s’engouffre dans le long canal de l’étroite vallée ; son mugissement se mêle à celui du Gave : ce sont comme deux grandes voix douloureuses se répondant ; comme deux sanglots pleurant sur ceux qui passent. Hors ces bruits, tout est tranquille et