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morne aux Eaux-Chaudes ; ni fêtes ni cavalcades comme aux Eaux-Bonnes ; les femmes qui viennent y boire les eaux, ou s’y baigner, n’y étalent pas de toilettes parisiennes ; il n’y a là que des malades mourants, ou ceux qui, vraiment désenchantés des choses de ce monde, n’aiment plus qu’une solitude absolue.

La route d’Espagne, qui borde la vallée, égaie pourtant un peu ce paysage mortuaire ; de temps en temps on voit défiler des mules espagnoles qui agitent leurs grelots ; elles sont chargées de ballots de marchandises et enfourchées par des marchands aux costumes pittoresques qui vont et viennent d’Espagne en France et de France en Espagne ; ils chantent en éperonnant leurs montures. D’autres fois, la route est sillonnée par les troupeaux que des bergers en manteau de laine blanche conduisent sur les hauteurs où s’abritent de nourrissants pâturages. Après ces courtes excursions, nous nous hâtâmes de regagner l’hôtel, où nous trouvâmes devant la porte des ânes robustes pour les plus timides d’entre nous et de petits chevaux basques pour les plus hardis. Nous partîmes pour aller visiter la Grotte des Eaux-Chaudes ; un guide portant des torches et une grosse clef nous précédait. Sur la montagne qui forme le rempart oriental de la vallée se dessine un