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composé de cinq à six maisons bâties sur le bord de la route ; plus haut sont deux auberges et un bureau de douane française. La vallée des Eaux-Chaudes se partage ici en deux gorges : l’une s’ouvre à droite et mène au Pic du Midi ; elle suit d’abord de vertes collines où les pins s’échelonnent ; l’autre gorge, aux roches plus nues, va directement en Espagne ; je m’élançais en pensée sur ces routes diverses : toutes deux me sollicitaient et m’appelaient ; j’aurais voulu aller au moins jusqu’au pied de ce terrible Pic du Midi dont le jeune duc de Montpensier fit l’ascension en 1840 et qu’aucune femme n’a jamais pu gravir. Du côté de l’Espagne, j’aurais voulu parvenir jusqu’à ce fort merveilleux d’Urdoa, perché sur la cime des monts les plus escarpés de la vallée d’Aspe, et dont les tourelles, les créneaux et les mâchicoulis semblent taillés à même le roc. Ce fort a une garnison française, et dans l’ouverture de ses meurtrières tournées vers l’Espagne sont braqués des canons chargés.

Tandis que je caressais du regard ces deux routes béantes qui semblaient me dire : Tu n’iras pas plus loin ! mes compagnons de route s’étaient fait apporter des fruits et du vin de Malaga au bord du petit torrent qui changeait en presqu’île une des auberges de la route. Cette auberge était tenue par une grande et