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je pensais aux excursions que je pourrais faire seule les jours suivants. Arrivés aux Eaux-Chaudes, nous changeâmes de chevaux et franchîmes à toutes brides la distance qui nous séparait des Eaux-Bonnes.

Je dormis d’un long somme après cette journée de fatigue, ce qui me fit obtenir du docteur l’autorisation de continuer mes promenades.

J’aurais voulu comme au temps déjà lointain de l’adolescence, lorsque je franchissais au galop le bois ombreux et séculaire de la Sainte-Beaume, m’élancer sur un bon petit cheval basque et suivre dans ses excursions hardies et pittoresques la princesse Vogoridès ; mais c’était bien impossible ; les forces du corps ne secondaient pas l’élan de l’esprit ; je devais me contenter de l’âne paresseux et parcourir lentement dans une journée l’espace que d’autres traversaient au vol en quelques heures.

J’ai dit en décrivant les promenades Grammont et Jacqueminot, mon désir très-vif de visiter jusqu’au sommet les belles forêts du mont Gourzy.

Un matin je me fis amener un âne sur le petit monticule où s’élève l’établissement thermal, je demandai une chaise pour n’avoir pas à m’élancer sur ma monture ; je croyais que le guide tenait cette chaise d’une main ferme sur les inégalités du roc ; mais comme j’y mettais le pied le guide lâcha la chaise et