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porter la voiture. La nature bienfaisante me vint en aide ; le temps qui avait été presque froid dans les derniers jours d’août, devint chaud et radieux durant la première quinzaine de septembre. Je passais les journées étendue au soleil sur un lit de bruyères roses ou de buis ; les effluves de chaleur qui émanaient des bois et des ravins murmurants étaient pour moi comme un bain salutaire qui rendait l’élasticité à mon corps brisé. Lasse de l’immobilité où mes jours s’écoulaient, je résolus d’essayer mes forces et de partir pour Bayonne.

Il était quatre heures du matin, l’aube naissante enveloppait les Eaux-Bonnes d’une blancheur nacrée ; des maisons endormies au pied des monts ne s’échappait pas une voix ; c’était le calme et la sérénité de nos beaux cimetières parisiens. Après avoir embrassé la jeune et jolie Amélie, une petite servante béarnaise qui m’avait soignée durant mon séjour aux Eaux, je montai dans le coupé de la diligence ; le conducteur fit claquer son fouet, et les chevaux descendirent au galop la grande route des Eaux-Bonnes.

Le jour se levait rose et chaud sur les montagnes qui ressemblaient à de grosses masses d’albâtre ; des lueurs douces enveloppaient la terre, dont le soleil en montant à l’orient éclaira par degrés les plans variés. Quand nous traversâmes Laruns et Bielle, le paysage