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mais nous en saisîmes longtemps encore la grande silhouette qui se détachait très-nettement dans l’air. La température était d’une tiédeur sicilienne ; je souffrais très-peu et je m’oubliais d’ailleurs dans la contemplation de la nature. Arrivée à Oléron, où nous changeâmes de chevaux, je m’aperçus que ma blessure s’était rouverte, et j’eus grand peine à descendre de voiture.

Par un de ces hasards, qui deviennent un vrai bonheur en voyage, j’avais pour compagne de route une femme parisienne du même monde que moi, aimant les arts et la littérature, et qui me combla des meilleurs soins ; son mari était en troisième dans le coupé ; mais, pour nous laisser plus à l’aise, il monta sur l’impériale à côté du conducteur.

Oléron me parut une petite ville ancienne et pittoresque ; elle est entourée de remparts et de fossés regorgeant de végétation d’un très-heureux effet. On rêve là quelque scène du moyen-âge. Nous déjeunâmes rapidement et nous sortîmes d’Oléron au galop de quatre chevaux aiguillonnés par le feu de l’avoine qu’ils avaient mangée.

Après Oléron, la campagne est parfaitement cultivée ; on devine l’aisance et même la richesse dans ces champs fertiles ; plus de landes, plus de ravins stériles, mais aussi plus de ces accidents de ter-