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rain magnifiques, plus de ces gorges sauvages, plus de ces monts majestueux qui composent dans les Pyrénées de si sublimes paysages. Hélas ! ces chères Pyrénées, auxquelles je m’étais attachée comme je le fais à tout ce qui m’émeut par une grandeur quelconque, s’étaient perdues dans le lointain ; je me demandais quand je pourrais contempler encore leurs cimes disparues !

Le sol qui se déroulait devant moi me paraissait d’une ennuyeuse monotonie ; il était pourtant montueux et accidenté, mais qu’était-ce auprès de la beauté des grands paysages évanouis ? Nous traversâmes un village très-riant dont le nom m’échappe ; sur une belle promenade ombragée de platanes, des paysans en jaquette et en béret de laine bleue jouaient aux boules ; un groupe de jeunes filles endimanchées les regardaient, curieuses, appuyées aux troncs des arbres. Sur le seuil des maisons, quelques femmes assises allaitaient des enfants ou gourmandaient leurs cris tout en les enroulant dans ces longues sangles qui font penser aux bandelettes dont on enveloppait les momies d’Égypte.

Nous entendions un chant d’église triste comme un Miserere, la cloche tintait dans l’air ; quand la diligence déboucha sur la petite place où était l’église qu’entourait un étroit cimetière couvert de hautes