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herbes, nous vîmes sur les tombes quelques vieilles femmes agenouillées ; elles répétaient un psaume entonné par un vieux prêtre en surplis blanc qui bénissait une bière. Je vois encore les profils ternes de tous ces pauvres vieux visages bistrés se détachant sur le mur gris de la petite église gothique. Quel affaissement dans toutes ces physionomies ! c’était comme la pétrification d’une détresse native.

Nous arrivâmes bientôt sur une hauteur où le paysage se développait dans un horizon immense. À notre gauche était le bourg de Bidache dont toutes les terres environnantes formaient autrefois la principauté de Bidache, appartenant aux anciens ducs de Grammont ; à droite une colline boisée servait de base aux magnifiques débris du château suzerain. J’ai peu vu de ruines d’un aspect plus grandiose ; des draperies de lierre se suspendent aux arceaux, aux portes, aux fenêtres béantes où, par un effet merveilleux, s’engouffrait en ce moment la lumière du soleil ; on eût dit une illumination soudaine faite à souhait pour le plaisir des yeux. Nous fîmes arrêter un instant la diligence afin de mieux voir ce tableau magique ; j’en ai conservé un souvenir si vif que je pourrais en dessiner tous les détails.

Nous rencontrâmes encore quelques villages et quelques châteaux pittoresques ; mais insensiblement