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le sol prit une teinte uniforme : ce n’étaient plus que landes et monticules entièrement revêtus de fougères ; la route poudreuse et blanche tranchait sur cette immense couverture verte déroulée à perte de vue. Tout en causant de Paris et des Pyrénées, que nous venions de quitter, avec ma compagne de route, nous ne pouvions nous empêcher de répéter de temps en temps en regardant l’étendue monotone : Encore, encore, des fougères ! La plante dentelée envahissait la route et souvent montait touffue jusqu’à la portière de la voiture. Le ciel était d’une extrême limpidité, aucunes masses de nuages ou de montagnes ne le coupaient. C’en est donc fait, pensai-je, je n’entreverrai plus ces monts gigantesques qui séparent la France de l’Espagne ! Mais tout à coup du sommet d’un tertre, aussi tapissé de fougères, et sur lequel la route passait, nous aperçûmes au loin, au sud-ouest, comme une chaîne de rochers qu’illuminait l’incendie sublime d’un soleil ardent. Étaient-ce de véritables rocher ou seulement des bancs de nuages amoncelés à l’horizon ? Nous doutâmes un instant ; mais bientôt la chaîne lumineuse se dessina plus nette et plus en relief, la flamme du ciel caressait ses contours sans s’y confondre. C’était bien certain, nous avions devant nous la chaîne occidentale des Pyrénées, dominée par les