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deux pointes aiguës du pic de la Rhune que couronnaient en cet instant deux diadèmes de lumière. Quel fond de tableau à Bayonne[1], la ville frontière, la ville forte et riante dont nous approchions !

Les éternels champs de fougères avaient cessé ; des terres cultivées, de jolies maisons de campagne, de belles avenues annonçaient la capitale du pays basque si pimpante et si gaie ; bientôt elle nous apparut avec sa première ceinture de grands arbres et sa majestueuse cathédrale gothique qui se détachaient sur le ciel. Nous franchîmes l’enceinte de remparts, de bastions, de fossés et le pont-levis d’une des portes voûtées ; à ce pont pendent de lourdes chaînes d’un

  1. C’est Bayonne qui a donné son nom à la baïonnette, cette arme invaincue de la France que les zouaves viennent d’immortaliser à jamais dans la campagne d’Italie. La baïonnette fut inventée en 1641 dans un engagement entre des paysans basques et des contrebandiers. Après avoir épuisé leurs munitions, les Basques imaginèrent d’attacher leurs couteaux au bout de leurs mousquets et ils repoussèrent ainsi leurs adversaires.

    Cette application spontanée d’une arme encore informe changea entièrement le système de l’art militaire en Europe. La baïonnette fut pour la première fois mise en usage, en France, au régiment des fusiliers du roi, en 1670 ; en 1674 et 1675, d’autres régiments d’infanterie en furent pourvus ; les dragons la reçurent en 1676, les grenadiers en 1678. À cette époque la baïonnette entrait dans le canon. La douille, qui en rend la manœuvre si facile, date de 1688.